Aparté n°24, juillet 2001
Pour terminer cette année qui fut particulièrement laborieuse (pourvu que ça dure!…), la période estivale et ses vacances arrivent à point nommé.
Il me vient l'envie d'évoquer la communication au travers de notre habitat.
Espace tourbillonnant d'échanges, ce lieu de vie a su devenir, au fil de ces dernières décennies, un fantastique pôle de communication avec notre environnement.
Chaque pièce, selon sa fonctionnalité, permet de s'ouvrir sur le monde extérieur ou de s'en isoler. Portes et fenêtres sont autant de filtres qui, utilisés selon les circonstances, agissent de manière discriminante et généralement maîtrisée.
Le choix même des matériaux et leur mise en œuvre contribue à animer la communication des habitants qui y vivent comme autant de capteurs, voire, d'amplificateurs.
Mais, me direz vous, cela existe depuis des lustres déjà.
Si on évoque maintenant les moyens actifs de communiquer habitants/environnement, durant tous ces siècles écoulés, le messager en fut pour ainsi dire l'unique "outil".
Il n'en est plus de même aujourd'hui. Les médias ont en effet envahi notre domicile au point de le rendre particulièrement "poreux".
Attention toutefois, il convient ici d'être particulièrement vigilant. Si certaines technologies utilisées avec intelligence permettent de conforter la communication interpersonnelle (téléphone, fax, internet, courrier "papier", …), d'autres, à grands renforts de séduction, n'en donnent que l'illusion.
Je veux parler de la télévision, des journaux, des magazines, de la radio, …
Bien sûr, ces médias diffusent des messages qui sont la plupart du temps essentiels à notre "culture".
Peut on pour autant parler de communication ?
Je ne le pense pas, pour une raison essentielle. Les messages diffusés ne le sont pas sur le mode de l'échange, de l'interactivité entre deux entités clairement identifiées et choisies entre elles. Nous sommes dans le schéma standard un/tous. Ce qui nous ramène naturellement à cette différence de taille qu'il convient de ne jamais perdre de vue entre informer et communiquer, comme il y a des outils de communication et des moyens d'information.
Toutefois, il paraît intéressant de s'attarder quelques minutes sur les différents types d'informations qui nous sont "proposés".
Il y a l'information à proprement parlé, celle qui est porteuse de savoir et qui doit normalement nous enrichir intellectuellement.
Nous trouvons ensuite cette kyrielle de situations (jeux, émissions de variétés, fictions, …) dont le but à peine caché est de nous détendre. Mais de quoi ? Ne sommes nous pas de plus en plus conduits à accepter le dictat des "déstesseurs"; la standardisation du rire ?
Puis il y a un registre surréaliste puisque produit par ceux mêmes des médias qui veulent pondérer auprès de leurs cibles certains des effets justement néfastes qu'ils génèrent. C'est ce que nous appellerons les émissions relationnelles (pour la télévision ce sont les reality shows et pour la presse écrite, le courrier des lecteurs). Autrement dit, ils prétendent contribuer à la promotion du lien social (en construisant pourtant souvent de manière illusoire une pseudo situation de communication).
Enfin, les messages "directifs" qu'ils émanent du champ de la politique ou de celui de la publicité. De ce point de vue, Il est d'ailleurs de plus en plus difficile, à regret, de distinguer l'une de l'autre.
Tout ceci nous confirme donc bien dans cette double condition qui permet ou non à la communication d'exister :
Ce qui est proposé doit contribuer activement à organiser le lien social et à maintenir la cohésion de la communauté.
Pris dans ce brouhaha envahissant, j'allais oublier ces messagers essentiels que sont les livres et les disques.
Les œuvres d'art qu'ils renferment souvent nous sont plus que jamais précieuses. A cette étonnante particularité près que leur non attachement au temps présent en renforce l'attrait.
Leur curiosité s'étend au point qu'il ne nous indisposera pas de les relire ou de les réécouter, bien au contraire.
Les messages répétés qu'ils libèrent ainsi viennent nous ravir et nous interroger. Magie rare que celle de ces médias qui nous permettent de rencontrer l'autre jusque dans la nuit des temps, aux confins de nos rêves et de nos angoisses.
Alors, pendant ces quelques jours de repos que nous nous accordons enfin, sachons aussi réserver une place de choix à cette communication pour lui donner ensuite la place qui lui revient au sein de nos entreprises.
Bonnes vacances,
François BOUTEILLE
Coaching et médiation