Aparté n°21, avril 2001
Le changement et son accompagnement sont aujourd'hui des composantes quasi permanentes de notre vie professionnelle.
Et pourtant, ce thème soulève toujours autant d'inquiétudes et d'enthousiasmes, que nous avons un mal fou à canaliser, pour les aborder ensuite de manière pragmatique.
Il faut d'ailleurs bien reconnaître que lorsque ce changement se profile et même lorsque nous le souhaitons, pour des raisons culturelles, voire linguistiques, nous accordons spontanément une plus large place à la sémantique négative qu'à la positive, à notre insu.
"Ne vous inquiétez pas, il n'y a rien de grave, mais nous ne pouvons actuellement pas échapper aux difficultés qui ne manquent pas de se poser à nous…".
Cet exemple courant et très révélateur nous montre combien l'annonce d'un changement présenté négativement enferme l'interlocuteur dans un stress et une inquiétude difficilement gérables.
L'usage de cette sémantique négative ne produit alors qu'un effet aggravant, invitant à un comportement contraire à celui qui était certainement recherché par l'émetteur du message.
Pour accepter à terme une situation de changement, nous avons besoin de repères externes et internes favorables. Cela nous permet ainsi d'être guidé, pas à pas.
Si les informations, durant cette période, nous sont formulées négativement, tout ce qui confère au doute, à l'incertitude, à la peur de l'échec va être renforcé dans notre esprit au détriment de l'envie d'avancer et de réussir.
Le bon sens alors doit nous conduire à remettre en cause une tendance culturelle bien française qui énonce habituellement que la réussite du changement relève plus de notre capacité à mieux connaître nos défauts que nos qualités.
L'expression "se remettre en cause" trouve alors malheureusement un terrain de prédilection.
Des expériences ont démontré que l'apprentissage est considérablement facilité par l'emploi d'une sémantique positive.
Quelle meilleure méthode pour passer d'une dynamique de la peur de l'échec à une stratégie de la réussite.
De plus, l'emploi d'une sémantique positive nous permet de développer notre confiance en nous comme en l'autre, notre niveau de satisfaction personnelle et notre capacité de créativité.
Aussi, est-il capital de procéder ainsi afin d'alimenter le moteur principal du changement : la motivation.
La sémantique positive utilisée dans un processus de changement signifie le progrès et réserve une place privilégiée à l'encouragement.
Et même dans les situations de désaccord, elle facilite l'échange et le recadrage par tout ce qu'elle a permis d'installer qualitativement dans la relation.
Cela conduit enfin à s'interroger sur ce qui fonde pour nous un processus de changement : Est ce plutôt la nécessité régulière de quitter un état qui peut devenir préjudiciable ou l'envie d'abonder un état d'épanouissement et de réussite accrue.
Derrière cette dualité, il y a bien entendu notre faculté en permanence à gérer conjointement le présent et à anticiper l'avenir.
François BOUTEILLE
Coaching et médiation
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